Les caractéristiques du postcolonialisme littéraire.

Le texte postcolonial possède des traits de fond et de formes interdépendants. Une structure textuelle brisant les traditions littéraires.

Vous trouverez dans cette page les caractéristiques relatives à:
l'énonciation le code le personnage les jeux de langage
la diégèse le narrataire l'espace physique les thématiques
la narration l'autoreprésentation le temps du récit la figure de l'altérité

Chacun des éléments participent à l'onthologie postcoloniale d'un texte.
Il faut y regarder de plus près.


 

Au niveau de l'énonciation

L'une des premières caractéristiques du texte postcolonial québécois est qu'un élément extérieur met en branle la quête de soi du personnage central.

La situation finale, pour sa part, est laissée ouverte. Le lecteur doit donc imaginer les suites possibles... on parle ainsi d'une lecture plurielle et d'une remise en question des indices textuels.

De plus, l'énonciation dans le roman postcolonial s'établit fréquemment selon un parcours initiatique dans lequel s'inscrit un narrateur à la première personne, un "Je" conscient de la pratique d'écriture et l'inscrivant au sein de sa quête personnelle. Il peut également s'établir, dans ce type de roman, une pluralité des voix narratives, différents narrateurs, qui font rarement un discours unifié. Puis afin de mieux brise le cadre traditionnel de narration, il arrive que le lecteur soit interpellé par le récit.

Exemple: " Et toi, lecteur, vois-tu comment résoudre cette impasse?"

Ce discours para-textuel brise la clôture traditionnelle et laisse profiler l'ombre multiple du lecteur réel.

Par une rupture de la linéarité narrative, le texte postcolonial instaure une pluralité d'idées, un discours de l'hétérogène où plusieurs figures prennent positions et concourent à une vision globalisante et sans limite des thèmes.

 

Au niveau de la diégèse

Le roman traite des différentes étapes de la création littéraire:

  • de l'écriture
  • de la lecture
  • de la traduction
  • du travail critique

L'art par sa référence à la création apparait dans ce type de roman; qu'il soit question:

  • de peinture
  • de musique
  • de danse

Au niveau de la narration:

La diégèse du roman postcolonial comprend plusieurs procédés d'autoreprésentation tels que:

  • la mise en abîme
  • la réduplication
  • la métaphore
  • la figuration

Du point de vue du code:

On retrouve dans le texte postcolonial différentes figures telles que:

  • la parodie
  • l'intertextualité
  • la structure de surformalisation
  • des jeux du signifiants
  • des jeux de champ lexical

* L'intertextualité place dans le récit des indices qui permettent de suivre une hypothèse de lecture. Elle instaure un dialogue entre des textes, un dialogue générateur d'action.

 

Le narrataire:

Il joue un rôle important au sein de la représentation. En effet, à la manière du narrateur écrivain ou du personnage auctorial, le narrataire possède une fonction privilégiée dans le roman autoréférentiel.

Il représente une preuve d'autoreprésentation et détient un lien d'homologie avec le lecteur réel.

 

L'autoreprésentation:

L'autoreprésentation est une structure signifiante du postcolonial selon trois niveaux.

  1. Le discours qu'elle instaure a la capacité de se désigner comme écriture ou littérature postcoloniale.
  2. L'autoreprésentation crée des significations immanentes à l'oeuvre.
  3. Si d'un côté elle permet une productivité au niveau de l'écriture, elle brise l'unité du texte, elle en dérange la logique interne et abîme complètement certains niveaux de signifiance.

Par l'autoreprésentation, la représentation s'écroule car il y a affaiblissement et même abolition de la mimesis romanesque.

 

Le personnage postcolonial:

Le peronnage postcolonial est présenté et utilisé d'une manière bien particulière et sert de référent de lecture. De prime abord, le récit campe les actants de façon assez traditionnelle.

La personnalité du personnage central est cernée peu à peu au fil de sa quête puisqu'il se cherche et se définit en cours de narration. Son caractère n'est pas livré clairement et le lecteur doit le décoder à partir d'indices donnés par le récit. Ainsi nom et prénom sont révélateurs, ils forme un embryon de programme de lecture dans le roman postcolonial.

Il y a également des personnages guides dans le roman postcolonial. Qu'ils soient temporels, spirituels, référentiels ou fictifs, ces guides éclairent le parcours du protagoniste. Ils permettent au personnage central d'accomplir sa quête.

Les caractéristiques physiques des personngages sont peu importantes et lorsqu'il y en a, celles-ci sont en lien avec l'action du récit.

 

L'espace physique:

Dans le roman postcolonial, l'espace physique correspond à l'espace intérieur du personnage principal.

Parallèlement, il arrive que le protagoniste cherche à se retrouver grâce à l'univers imaginaire d'un livre. S'il a un rapport direct avec l'écriture (auteur, traducteur, éditeur), celle-ci institue une espèce d'espace vital, un lieu où se livrer, où vivre sa quête.

C'est beaucoup plus l'espace intérieur que le monde physique où le personnage évolue qui un élément déterminant dans le récit postcolonial.

 

Le temps du récit:

Dans ce roman, le temps est à l'image de l'espace.

Il est facile d'en situer le contexte sans qu'il ne soit marqué de façon absolue. Dans la mesure où le sujet du récit est le narrateur de sa propre histoire, il est parfois inévitable que le temps de la fiction se confonde au temps de la narration.

Le temps sera ordonné dans le récit de façon relative: le personnage se situant dans le temps selon les étapes importantes de sa quête.

Le roman postcolonial est plus précis s'il est question de moments historiques puisque l'un de ses objectifs est la remise en question de l'histoire et des grands savoirs. Les faits historiques cités dans le roman permettent alors de situer lesujet dans le temps et de préciser son identité en rendant plus significatifs les points tournants de son parcours intérieur.

 

Les jeux de langage:

Les jeux de langages, très présents dans ce type d'écrit, viennent nuancer le sens de la narration.

Tout sens, au même titre que l'illusion référentielle, disparaît au profit de la recherche de la forme. Le sens s'efface au profit de la sonorité.

Avec le roman postcolonial, on atteint la multiplication des sens en raison même de l'utilisation qu'on y fait du langage, ce qui provoque l'éclatement de la linéarité du discours mais ne l'anéantit pas.

Les jeux de langage entraînent le lecteur sur une autre scène que celle de la réalité et rappellent la matérialité de leur support, signalant le processus d'écriture, ce dernier servant à l'établissement et à la résolution de la quête personnelle du protagoniste.

 

Thématiques postcoloniales:
  • L'identité (quête: personnelle et aussi sociale)
  • La révision de l'histoire (métarécits)
  • Les tabous sociaux (homosexualité, racisme, violence)
  • Le processus d'écriture (écriture,lecture,traduction, édition)

 

Figure de l'altérité:

La perspective postcoloniale s'attache à des littératures en contact, donc à des situations où une littérature écrite coexiste avec une ou plusieurs littératures écrites en une ou plusieurs autres langues sur le même territoire.

Cette situation de coexistence de plusieurs altérités provient d'une histoire coloniale qui a consisté dans l'imposition d'une culture colonisatrice présentée comme supérieure aux cultures des pays colonisés. La prise de conscience forcée des différences et de l'existence d'entités "autres" a généré des textes revendicateurs mais aussi très humanistes axés sur l'ouverture sur autrui.

Par la coexistence de plusieurs langues, la littérature postcoloniales affiche en son sein un plurilinguisme de plusieurs niveaux. Ainsi, on retrouve dans le texte postcolonial, beaucoup d'oralité, d'approximations, d'autocorrection de la narration, de précisions parenthétiques, d'interpellations du lecteur qui multiplient les niveaux de langage.

De plus, il y a dans le texte postcolonial une prise de conscience de l'Autre et des différences qui le définissent qui permet toute une stratégie d'écriture autour de la communication, qu'elle soit littéraire ou orale. L'Autre peut aussi devenir un territoire inconnu plein de rebondissement et de nouvelles connaissances. Les protagonistes postcoloniaux doivent aller vers l'Autre pour s'ouvrir sur le monde, être compris ou, mieux encore, survivre. Ce mouvement vers autrui cultive la tolérance envers le différent, l'étranger et s'initie souvent par des concessions, des négociations.

L'altérité est un thème bien moderne qui répond à de nouveaux événements sociologiques. Avec le phénomène d'imigration grandissant, la notion de l'Autre prend une toute nouvelle envergure que "le voisin d'à côté". Jusqu'à un certain point, la société moderne est en perpétuelle colonisation jusqu'à que cet état sociologique passe dans les moeurs.

Au plan général, la théorie postcoloniale et les oeuvres qu'elle étudie et défend peuvent apparaître comme les composantes d'une entreprise multiculturelle, dessinant pour la première fois dans l'histoire un certain cosmopolitisme littéraire à l'échelle mondiale.


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